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jeudi 18 juin 2015

De l'imagination...


© Misha Gordin

Après avoir déblatéré hier sur l'inspiration et sa bande de muses, j'aimerais aujourd'hui au contraire défendre un concept hyper important je trouve et souvent trop sous-estimé : 

l'imagination !

Entendons-nous bien, il ne s'agit pas de remplacer un mot par un autre, l'imagination n'est pas un don divin, c'est quelque chose que nous avons TOUS, et c'est peut-être même l'une des grandes caractéristiques de l'humain (avant le rire, qui en dépend). Étymologiquement causant, l'imagination est en effet la capacité de créer des images mentales. C'est une capacité innée même si chaque civilisation, chaque communauté, chaque être, a sa propre façon de l'utiliser, et qu'en cela c'est aussi quelque chose de construit. L'imagination c'est comme la force qui fait que le bébé serre le doigt qu'on lui tend. Cette force sera très différemment développée si le bébé en question devient enfant soldat, jeune geek ou petit rat de l'opéra. 

Cette imagination agit la plupart du temps de manière inconsciente. Il suffit, par exemple, de perdre de vue son gamin 5 minutes dans un supermarché pour tracer les grands traits d'un polar, ou encore, de tomber amoureux pour connaître les tourments de la lecture des signes. Bien sûr ces images sont nourries des faits-divers et des romances que nous avons vus/lus, mais on ne fait de toute façon rien à partir de rien, et même les inventeurs des récits les plus WTF utilisent des bouts de monde connu.

Quand ledit parent ou ledit prétendant est sous stress, l'émotivité rompt en quelque sorte les barrières de la rationalité, et l'imagination prend le dessus. Mais au-delà de ces situations de crise c'est en réalité tous les jours que nous nous servons d'elle, c'est toujours à travers des projections que nous organisons notre rapport aux autres et que nous inventons, tant bien que mal, un sens à notre vie.

Cette force est puissante et je suis convaincue qu'elle peut aussi être extrêmement dangereuse. On pense aux maladies psychosomatiques, bien sûr, mais aussi de manière moins spectaculaire aux barrières mentales que l'on s'impose ou qu'on impose, et aux fausses idées du bonheur qui nous pourrissent la vie. Comme a dit le grand Chépuki : "Notre pire ennemi, c'est Nous".

Attention cependant : qu'on ait tous de l'imagination ne signifie pas qu'on soit tous des artistes ! Comme la force est une condition nécessaire mais pas suffisante à la danse : le message, ça se travaille, ça se polit, ça se peaufine. On a tous été confronté à un môme expliquant trois heures durant son petit gribouillis. Si le môme en question est le nôtre, on trouve ça charmant, sinon, on prend son mal en patience... Écrire (peindre, danser, ...) c'est s'exprimer, certes, mais faire "œuvre d'art" n'est pas dire tout ce qui nous passe par la tête, c'est réfléchir à un format qui rendra possible la communication d'une émotion.

On m'objectera le surréalisme, et je répondrai le happening, mais on entre là dans le domaine de la poésie, un champ complexe et vaste qui fera l'objet d'un prochain blabla. Belle journée à tous ! 

3 commentaires:

Soufie a dit…

Un blabla très intéressant ma foi. Merci Alice !

Véronique Cauchy a dit…

Un blabla sur l'imagination très inspiré! ;-)

Alice Brière-Haquet a dit…

Merci les filles ! J'ai l'impression de ne pas dire le 10e de ce que je voudrais dire mais d'être déjà trop bavarde... Mais ça fait du bien :-)