Le grand Jecépuki se demandait (sans doute en se grattant la barbichette) : Sont-ce les couchers de soleil qui ont inventé Poussin ou Poussin qui a inventé les couchers de soleil ? La question peut paraître idiote, elle est pourtant du genre hantante. Pire que l'histoire de la poule ou de l'oeuf qu'on peut aisément résoudre avec le compromis du poussin (qui n'a rien à voir avec Poussin, notez bien). Parce que je crois qu'une émotion, ou plutôt un sentiment, n'existe pleinement que lorsqu'on arrive à le reconnaître, c'est-à-dire à le confronter à une expérience, à mettre, sinon des mots, un concept dessus (la beauté ou l'amour, par exemple). Et c'est là que je pense être le coeur de notre fonction en tant qu'auteur jeunesse. Non pas fournir des outils éducatifs aux parents, mais offrir aux enfants un répertoire de concepts qui vont l'aider à intellectualiser son monde, à rentrer en intelligence avec lui. Alors seulement, on peut reprendre la mot "éduquer", e-ducere, "mettre dehors", "faire sortir" ce qui se passe à l'intérieur.
Bref, bref, bref... pourquoi je vous racontais ça ? Parce qu'on causait Barbara hier sur FB, rapport à mon précédent post, et que je me rendais compte que c'était elle qui m'avait appris à reconnaître la douceur de la pluie, et que je m'appercevais dans la même journée que le chemin de l'école était semé de feuilles de ginkgo, que Stéphanie Augusseau vient juste de m'apprendre à voir. Un arbre du paléozoïque (ta mère) et dont j'ai à mon tour une sorte de fossile. Merci à elle :-)
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Beau Vendredi !
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