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vendredi 20 novembre 2009

Un nouveau texte in progress...


Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas soumis un texte à vos critiques... Je viens de finir celui-ci et j'avais envie de prendre vos avis... Si vous avez cinq minutes, ce serait super gentil. Est-ce que ça vous parait trop triste ? Y a-t-il des passages trop longs ? Trop compliqués ? Je virerais bien la dernière phrase déjà... Z'en dites quoi ? D'avance merci :-)

Le peintre des drapeaux

Le peintre des drapeaux
Adorait son boulot.

Les gens les plus brillants
Des plus brillantes nations
Venaient à sa maison
Pour lui passer commande.

L’un déclarait :

« Dans mon pays règne la liberté
Car l’homme pour grandir
Doit être capable de choisir !

Faites-nous un drapeau
Qui affiche haut
Nos idéaux. »

Un autre disait à son tour :

« Mon pays est une terre d’amour
Car l’homme n’est utile
Que par les liens qu’il tisse.

Faites-nous un drapeau
Qui affiche haut
Nos idéaux. »

Un autre encore ajoutait :

« Mon pays prône l’égalité
Car l’homme ne peut pas être heureux
Si ses voisins sont malheureux.

Faites-nous un drapeau
Qui affiche haut
Nos idéaux. »

Le peintre alors attrapait ses pinceaux
Et toute sa collection de petits pots

Il avait sur son bureau
Toutes les couleurs
Du bonheur :

Le rouge des joues d’enfant
Le bleu d’un ciel sans vent
Le vert des petits pois
Le noir qui tombe le soir
Le jaune des poussins
L’orange au goût si fin

Et quand sa palette
Etait prête
Plus belle
Que l’arc-en ciel

Il dessinait sur le drap blanc,
Des croix, des traits ou des croissants,
Des soleils, des étoiles ou un aigle volant.

Ses clients
Très contents
Repartaient
Leurs idées
Bien pliées
Dans un petit paquet.

Tout allait pour le mieux
Dans le meilleur des mondes
Quand par un jour pluvieux
Il dut sortir de sa maison.

Un grand général
Devenu président
L’appelait en urgence
Pour ajouter quelques étoiles.

Mais quand il arriva
Sur le champ de bataille
Tout y était gris et sale :

La boue, les uniformes, les gens
Et même les sourires des enfants.

A gauche et à droite
Derrière et en face
Flottaient ses drapeaux
Qu’il trouvait hier si beaux.

Certains étaient déjà tombés
Et leurs couleurs se confondaient
Dans la boue grise des tranchées.

Le peintre des drapeaux
Rentra vite vite
Chez lui.
Il renversa petits pots et pinceaux
Pour attraper un drap tout blanc
Et repartit sur le champ
En le portant très haut très haut.

Ce drapeau sans couleurs
Leur rappellerait peut-être
Que sous chacun des leurs
Ils étaient tous les mêmes ?

Les gens ne sont pas méchants
Mais ils sont méfiants

Et quand l’homme est venu
Avec ce drapeau inconnu
Quelqu’un lui a tiré dessus.

Un homme de gauche ou de droite ?
De derrière ou d’en face ?

Cela n’a pas d’importance
Car le drapeau blanc
Devint lui aussi
Tout gris.

Aujourd’hui,
On fait les drapeaux en série
Et la guerre n'a jamais été si grise

Mais il paraît que sur les champs
Quand apparaît un drapeau blanc
Les armes se taisent un instant
Pour laisser rire un enfant.


Le tableau est une aquarelle de Marc Chagall intitulée "Le peintre sur la Lune", elle date de 1917.

26 commentaires:

chicoumi a dit…

Effectivement c'est triste mais qu'est ce que c'est beau! C'est dit d'une manière su poétique et à la fois ludique! Je ne me lasse pas de voir de quel manière tu manis les mots

Maëlia a dit…

Je le trouve magnifique ton texte Alice!!! La fin aussi j'aime bien. ça coule super bien. Je ne changerais rien, juste le petit "x" à enlever dans la phrase "Faites-nous un drapeaux". Bravo! C'est un véritable régal de lire tes textes!

Gwendoulash a dit…

j'adore
il y a une phrase qui me dérange et je ne sais pas dire pourquoi c'est "et la guerre est toujours plus sale et plus grise" mais je ne sais pas expliquer de toute façon ... et la longueur si non c'est parfait moi je dirais

Alice Brière-Haquet a dit…

Chicoumi > Ho que c'est gentil *^^*, mille mercis !

Maëlia > Oups pour le "X" ! Merci !! Et la dernière phrase ne vous dérange pas alors ? Je la trouvais un peu trop pathético-lyrique :-/ Disons que je ne voudrais pas en rajouter une couche sur un sujet déjà pas drôle...

Gwen > Oui tu as raison, cette phrase est trop longue. Je trouve autre chose...

Gaëlle a dit…

C'est triste mais c'est le sujet qui veut ça, tu l'as magnifiquement mis en mot. Je pense qu'il faut laisser le dernier passage qui donne une grande inspiration positive au texte. Je sais pas si je me fais bien comprendre ? Mais j'aime bien. Un petit truc quand même, je suis là pour critiquer n'est-ce pas, juste le "chef de garnison" que je trouve un peu difficile à comprendre, d'ailleurs je vais aller me renseigner sur son rôle exacte à celui-là ;)

Gaëlle a dit…

J'oubliais... magnifique cette toile de Chagall, un de mes peintres préférés :)

Alice Brière-Haquet a dit…

Merci Berthe :-)

Pour le chef de garnison, tu me diras c'est quoi ^^ (en vrai j'avais surtout besoin d'un militaire et d'une rime en [on]...)

Et Chagall, j'adore.

Sabbio a dit…

Oui ce texte est immensément triste mais si intense, beau et poétique en même temps... n'y change rien surtout!

Moi aussi, Chagall j'adore!

Anonyme a dit…

Pour moi le texte est si colore, oh plein d'inspirations.
Beau, beau!! Bravo!

Maëlia a dit…

Pour répondre à ta question, la dernière phrase ne me dérange pas du tout. Au contraire, et comme l'a dit Berthe, y a une petite note d'espoir à la fin. Je pense que c'est bien de la garder. Je viens encore de le relire, je ne m'en lasse pas, c'est vraiment beau! Mais qu'est-ce que je me répète sur ton blog ;-) Bon, je retourne à ma trad bancaire, là du coup c'est beaucoup moins beau...

Caroline BARTAL a dit…

je trouve ton texte magnifique. Je ne sais pas pourquoi, j'ai tout suite vu la guerre 14/18.
J'aime beaucoup.

Alice Brière-Haquet a dit…

Un grand grand merci à tous, je suis super contente que ce texte vous plaise, j'avais peur qu'il soit trop vraiment trop sombre... Mais Berthe et Maëlia je crois que vous avez raison : c'est finalement cet ultime éclat de rire qui adoucit l'ensemble. C'est décidé, je le garde ! Merci beaucoup pour votre aide et vos encouragements :-)

Nicolas Gouny a dit…

Ton texte est magnifique et émouvant, Alice... et le thème m'est cher...

et puisque tu nous demandes de chipoter, je chipoterai l'avant-dernier paragraphe, sur les drapeaux en série, un peu plat par rapport au beau lyrisme des autres... :)

celia chauffrey a dit…

je le trouve très très très très beau ce texte.
Lorsque je l'ai lu, j'ai vu pleins d'images à la façon de Ann Herbauts ou d'Eric Battut, en fait un beau mélange de grotesque et de gravité.
Et pour ton chef de garnison pourquoi ne pas reprendre ce que tu as écrit plus haut?

Un militaire avec une rime en "on"
Devenu président
L’appelait de toute urgence
Pour faire des rectifications.

Bénédicte a dit…

Chapeau ! super beau texte ...
Un album poignant en perspective :)
Pour chipoter : j'ai moins accroché avec la première phrase. Je trouve que le mot "boulot" dénote un peu avec le reste du vocabulaire employé ...

Alice Brière-Haquet a dit…

Nicolas > Merci *^^* C'est un thème qui m'est super cher aussi. C'est vraiment LE truc que je trouve le plus con chez l'humain, LE truc où je ne le comprends plus.

Pour le dernier paragraphe, est-ce que tu préfères comme ça ? J'ai peur que ça fasse trop long, mais ça m'embête de l'enlever complètement : je tenais à dire que la guerre aujourd'hui aussi est sale... le coup de la guerre propre c'est vraiment nous prendre pour des imbéciles.

Cela n’a pas d’importance
Car le drapeau blanc
En tombant
Lui aussi
Finit
Tout gris.

Aujourd’hui,
On fait les drapeaux en usine
Puis on les envoie
En cartons, en avions
Aux quatre coins du monde
Répandre leurs croix ou leurs étoiles

Et la guerre n’a jamais été si sale.

Mais il paraît que sur les champs
Quand apparaît un drapeau blanc
Les armes se taisent un instant
Pour laisser rire un enfant.

Célia > Merci aussi *^^* Tu sais comme j'adore l'univers de Anne Herbauts en plus !

J'ai fait un petit changement pour que ce soit plus clair. Mais pas le coup de la "rime", c'est marrant mais ça risque de bloquer pour de bon la compréhension.

Bénédicte > Merci merci aussi *^^*

Le problème que tu soulèves je l'ai pas mal remâché avant de commencer à écrire, mais je n'ai pas trouvé de solution satisfaisante. Alors je me suis dit autant assumer, le p'tit gars il adore son boulot comme n'importe quel boulanger... Mais si ça choque vraiment, je me repenche sur la question :-/

Nicolas Gouny a dit…

Je préfère, nettement :)

Anonyme a dit…

moi je préfere le texte initial !
l'interet des mots c'est justement le décalage que tu en fais et j'adore !! ds un grand texte, tu emploies la poésie, les mots de ts les jours !!!et on voit même les images !! c'est génial !!!!
tu es vraiment trop forte ma fille !!

Lilie a dit…

Bon, j'arrive encore après la bataille.... d'accord ce jeu de mot est pathétique, je reconnais... ton texte en revanche est intense, poétique et .... me laisse sur le c... je le préfère dans sa version initiale personnellement. Chapeau bas m'dame !

Alice Brière-Haquet a dit…

Argh, des avis contradictoires... Misère, il va falloir choisir :-/


Enfin toi maman, ça compte pas : t'es déjà présidente de mon fan club, ainsi qu'unique mais énergique adhérente d'ailleurs. T'as perdu le droit de vote ;-)

mazette mioulk a dit…

Bonsoir Alice. C'est un texte magnifique et complètement prenant.
Un petit passage m'a interrogé : "sur le champ de bataille... même les sourires des enfants". L'image est belle, mais je conçois difficilement des enfants sur un champ de bataille, surtout souriants (même grisement).
Sinon je préfère ta dernière version, si fluide et perso, je finirai sur "les armes se taisent un instant".
(bon.. je dois avoir un problème avec les enfants dans un contexte guerrier... je vais aller relire "flon flon et musette", tu connais ?)

Alice Brière-Haquet a dit…

Ha non, je connais pas... Je pourrais remplacer les enfants par des oiseaux. Je vais voir...

Bises et mercis :-)

katou a dit…

J'aime toujours autant ta manière d'écrire surtout quand tu abordes des thèmes forts....pour les critiques je n'en ferai pas; seuls compte ton sentiment alors juste un conseil écoute ton coeur...

Mewiz a dit…

C'est magnifique Alicette!
Il est superbe ton texte, j'adore l'histoire et comment les idées sont amenées!
Sans vouloir relancer la polémique ;-), j'aurais une petite préférence pour la dernière version ;-)!
Je peux rejoindre ta mère dans ton fan club :-)?

Alice Brière-Haquet a dit…

Katou > Merci beaucoup pour ces gentils mots :-) Mais mon coeur, il fait juste boum-boum, c'est pour ça que je préfère écouter vos oreilles ;-)

Mewiz > Ma fouine !!! La dernière version, avec l'avion donc ? Bon ça va tourner en sondage cette histoire là...

Et pour le fan-club, je sais bien que c'est juste pour récolter quelques litres de riz-au-lait made by Coco. Vendue ^^

Marie MIGNOT a dit…

Superbe texte!
Ça donne envie de l'illustrer!!!