C'est en ce moment avec de sacrés talents,
et c'est chez Maurèen,
et il faut faire viiite !
Bonne foire :-)
Jenny est ma meilleure amie depuis la maternelle. On est un peu comme des sœurs jumelles, sauf qu’elle est métisse alors que je suis très blonde, qu’elle a de belles ron- deurs un peu partout alors que je ressemble à un moineau, qu’elle aime s’habiller comme un œuf de Pâques alors que je suis plutôt pour la trilogie basket- jean-sweat, et qu’elle a une voix chaude et dorée alors que je chante comme une casserole. Mais à part ça, on est pareilles.
Tchon Tchon Bleu, de Pinin Carpi
4 oct
Ah la la le livre que voilà ! Un comme on en attend tout le temps et un comme on en reçoit tous les … pas souvent.
Laissez-moi vous parler de cet incroyable paysan appelé Tchon Tchon Bleu, héros de ce livre cinquantenaire tout juste venu d’Italie où il est hissé à hauteur de culte. Je m’interroge sur la durée qu’il lui a fallu pour franchir la frontière…Cet intrigant personnage vit paisiblement dans son champ d’orangers tranquillement protégé par son parasol bleu et orange qui lui sert de toit. Tchon Tchon Bleu fait partie de ces gens qui sont satisfaits de peu. Pourquoi avoir une maison quand on a un parasol ? Un jour, un drôle de neige tombe ce qui lui donne l’idée de fabriquer des glaces à l’orange (hum!) qu’il s’en va proposer en ville. Les glaces ne fondent pas en chemin car on est dans un conte et qu’on y fait à peu près ce qu’on veut pourvu qu’on en respecte les règles. En chemin Tchon Tchon Bleu rencontre un homme malheureux qui jette des perles dans la rivière car cela lui permet d’y mirer le visage de sa bien aimée. Le paysan ignore qu’il s’agit là de l’empereur, il ne sait même pas à quoi ce métier peu servir. C’est le début de leur belle amitié et de leurs aventures. Bien que l’histoire ne se déroule que sur deux jours, on croisera là des fées bonnes ou mauvaises, des jolies filles qui deviennent grosses (pour leur bien), des farfadets, des brigands, de la soupe de poulet aux amandes, des lucioles, un empereur qui n’aime pas la guerre, et bien sûr des kilos d’orange !
Maintenant un zeste d’histoire…
L’auteur, Pinin Carpi (drôle de prénom n’est-ce pas? En vrai c’est Giuseppe) est né dans une famille d’artistes à Milan en 1920. Il s’est passionné tout jeune pour les livres en en fabriquant lui-même. Sa famille et lui étaient très impliqués contre le fascisme. D’ailleurs, si ses livres pour enfants ne sont pas ouvertement politiques, on note tout de même la farouche volonté de l’empereur à ne pas faire la guerre. Tchon Tchon Bleu est son premier roman publié pour la jeunesse, en 1964. Il a même un blog qui lui est dédié (en italien).
Je ne résiste pas au plaisir d’une petite comparaison iconographique entre l’allure italienne et la classe à la française de notre paysan en vous livrant ici les deux versions. Regardez sa bouille de l’autre côté des Alpes où il répond au doux nom de Cion Cion Blú. Les illustrations sont d’Iris de Paoli. En voici une que j’ai choisie car on y voit un macaron apposé avec l’inscription "un grand classique pour tous les âges". Nous revoilà dans la polémique de l’âge ! Tchon Tchon Bleu est un gros livre bien épais qui peut intimider les plus jeunes alors que le contenu est irrésistible et tout à fait adapté aux plus jeunes. C’est absolument le genre d’ouvrage à lire en famille si on a des semaines devant soi. Sinon, seul, puisque les chapitres sont courts et illustrés je prends le risque de dire qu’un bon lecteur d’une dizaine d’années peut se lancer à l’assaut de ce conte.
Sur cette image on voit que tout y est très bleu et exagérément orange, d’ailleurs le chien de Tchon Tchon Bleu s’appelle O Ran Ge et son poisson rouge s’appelle Bleu. Une couverture parfaitement fidèle au contenu de l’ouvrage dans lequel le paysage entier semble être dans ces tons. Pour un peu ça commence comme du Ionesco :"Intérieur bourgeois anglais, avec des fauteuils anglais. Soirée anglaise…" Remplacez "anglais" par "orange" (ou "bleu" !) et vous avez du Carpi. Mais là où Ionesco m’étais resté coincé en travers de la gorge étant ado, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage bien que le début qui nous introduit dans cet univers bicolore soit assez insistant sur ces deux termes. Une fois lancée dans cette folie bariolée je n’ai plus pu m’arrêter.Observons maintenant la très belle version française proposée par les éditions MeMo. Ghislaine Herbéra (que j’adore soit dit en passant) a réinterprété tout en douceur l’univers délicatement dingo de Pinin Carpi (Voici donc notre paysan chinois à la manière de Ghislaine Herbéra :
Un grand merci à cette co-fan, donc, et puis à MeMo de m'avoir offert cette chance, et à Ghislaine de l'avoir mise en image avec tant de talent.
Ce qui nous saute au visage c’est le respect de l’illustratrice pour les tons employés bien qu’elle propose sa propre version du conte. On retrouve tout comme dans son intrigant album Monsieur cent têtes, des personnages parfois inquiétants. Ici il est question d’un mélange de folklore chinois, de bêtes féroces, de fantômes et de farfadets bien malicieux.Je ne suis pas sûre que cet article reflètera suffisamment mon débordement de joie à la lecture de ce livre mais j’espère vous avoir quand même intrigués car Tchon Tchon Bleu, je vous le dit, c’est pas tous les jours qu’on en voit des comme lui.
Version chemise fermée... |
... et version chemise ouverte ^^ |
L'album Mélina d'Alice Alice Brière-Haquet & Leila Brient c'est pour très bientôt ! En attendant, Alice a bien voulu répondre à quelques questions autour de l'album. Merci Alice
Comment le thème de l'album est né ?
J'ai une admiration sans borne pour les gens du voyage… Quelle belle vie que d'être toujours "de passage" ! Dans mes rêves les plus secrets (enfin plus tant que ça du coup ^^), je fais ma valise et je m'enrôle comme institutrice dans un groupe de forains. Mais l'amour de ma vie s'avère être le fils d'un maçon, il a besoin de pierre, de ciment, de solide… Alors je voyage par les livres.
Est-ce ta première collaboration avec Leïla ?
Oui. Avec Leïla nous nous connaissons depuis on bon bout de temps par blogs interposés. J'avais très envie de travailler avec elle, j'aime son univers à la fois doux et complexe. Je suis heureuse que ce soit maintenant chose faite... et impatiente de dénicher une seconde occasion !
Ton récit est empreint de poésie, une marque de fabrique ou un choix ?
Non ce n'est pas vraiment un choix. J'écris comme ça, en assonance, et je n'arrive pas à m'en défaire. Mais j'assume aussi, je trouve que le travail sur le son donne plus de densité au texte, et rend la lecture à voix haute plus agréable.
Mélina existe-elle en vrai et as-tu eu l'occasion de la rencontrer ? Alors oui, Mélina existe ! Enfin, j'ai eu une élève qui s'appelait Mélina. C'était il y a 10 ans, pendant que je préparais le CAPES, j'avais trouvé un remplacement dans un petit collège privé de campagne. Je n'avais aucune expérience, les enfants n'avaient aucune pitié, et ça n'a pas été facile, mais j'en ai gardé plein de souvenirs très forts. Et surtout celui de Mélina, une gosse de la cité d'à côté qui revendiquait haut et fort ses origines manouches… Mais elle n'en gardait que le côté grande-gueule, impulsif, violent même parfois. Pour la raccrocher, on s'est plongée ensemble dans les contes tziganes et elle a été toute émue de voir que le héros portait le nom de son petit frère. Ses parents étaient analphabètes, elle n'avait jamais eu de livre chez elle, mais elle a emporté celui-là pour le lire le soir à son petit frère. Rien à voir avec la Mélina toute douce de mon livre, donc, mais un peu si quand même : après elle, mes corrections de rédactions étaient un peu plus fleuries je crois.
![]() |
Nina & Lisa |