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lundi 13 juin 2016

Pour faire un bonhomme de neige...


avec Clotilde Perrin chez Père Castor

Parce qu'il était dans la sélection des Incos 2016, j'ai beaucoup parlé du Bonhomme et l'oiseau cette année dans les classes... Et la question "Tu as mis combien de temps à l'écrire ?" était encore plus difficile que d'habitude : au moins 5 ans. Oui au moins, avec une vingtaine de versions, et pour moins de 1000 signes (998, exactement, espaces compris). Mais peut-être plus en fait, car en la relisant en parallèle mon tout premier, L'Épouvantail, je me suis apperçues que les histoires étaient étrangement semblables, comme deux frères, l'un de paille l'autre de neige. Tous deux sont liés au cycle des saisons, tous deux veulent s'échapper de leur condition par l'amitié et la liberté. 

Avec Lydie Sabourin chez Points de Suspension

Ce matin je suis tombée par hasard sur cette toute première version du Bonhomme, très différente de la version finale puisque seule la dernière ligne a été conservée. Trop molle, trop bavarde, elle permet cependant de définir les lignes, de poser un fondement. C'est un peu le bloc de marbre qu'il va falloir tailler. Alors parmi les autres questions récurrentes : "Quel conseil dnneriez-vous à quelqu'un qui veut écrire ?" je répondrai inlassablement : "Écrire ! et réécrire !", parce qu'on ne sait jamais quelle goutte d'eau se transformera en flocon... La bise le monde :)


Goutte d’eau
Je ressemble à une goutte d’eau
Comme une autre goutte d’eau

Mais un courant d’air
Un vent froid
Un rien me fait moi.

Scientifiques
Savants
Spécialistes
Tous sont unanimes :

Je suis unique.

Il n’y a pas deux flocons pareils

Jusqu’à ce qu’on tombe sur terre

Blanc sur blanc
Gris sur gris
Noir sur noir

Quelle triste histoire !

Mais un enfant arrive

Il prend une boule
La roule roule roule

Tous ensemble
Nous sommes si grands,

Est-ce la carotte ?
Est-ce le chapeau ?
Est-ce le sourire ?

Je n’en sais rien.

Mais tout à coup on est quelqu’un
Et ça fait drôlement du bien.

Les gens nous voient
Nous regardent
Nous sourient
Nous contournent
Nous attaquent aussi parfois.

Mais on est là.

Puis le soleil
Nous caresse
Nous étincelle
Nous allume
Nous dentelle
Nous consume.

Un bonhomme de neige
Rêve sa vie
Un seul hiver

Il faut alors laisser le champ libre
Au printemps
Et aux jonquilles.

Les flocons fondent
Les gouttes s’évaporent

Vapeur légère
Sur un rayon de soleil
Je reprends les airs

Je retrouve le ciel
Mon nuage
Mon chez moi

Goutte d’eau
Je ressemble à une goutte d’eau
Comme une autre goutte d’eau

Jusqu’à mon prochain voyage.

1 commentaire:

Véronique Cauchy a dit…

Très beau témoignage. Il est vrai qu'on écrit toujours la même histoire, sous divers angles, on tourne toujours autour du même thème... Et que la gestation prend du temps!!! (Et trouver un éditeur aussi!!!)