Pour redescendre en douceur de Montreuil :-)
Ce sera cette fois chez Axelle Vanhoof
envoyez-lui vos propositions pour le 12 décembre !
Mise en ligne le lendemain pour un Marché de Noël de Tandems...
Bons projets à tous !
Si historiquement notre modernité s’ouvre avec la découverte du nouveau monde, la consécration des États-Unis en tant que première puissance mondiale au milieu du XXe siècle ouvre l’ère de la postmodernité. Le conte traditionnel, et les codes de l’univers merveilleux qu’il dresse, s’inscrivent de manière marginale mais cohérente dans le paysage littéraire du moderne Perrault. Il récupère le merveilleux antique et l’inscrit dans un projet esthétique et éducatif qui ne s’attache plus tant à la croyance qu’au sens. Les loups ne parlent pas, certes mais les jeunes filles doivent être sur leurs gardes et c’est là la morale de l’histoire. La fiction n’est pas le réel, mais elle lui permet d’avancer dans la quête du progrès. Au XXe siècle, la relativité fait exploser ce beau paradigme à peu près en même temps que la bombe atomique, et c’est un espace fragmenté que les enfants de la fin du XXe et du début du XXIe siècles reçoivent en héritage. Rebecca Dautremer, Arthur Lebœuf, Carmen Martín Gaite et Bill Willingham tentent chacun à leur manière d’en recoller les morceaux. New York s’offre comme le lieu idéal de cette recomposition : sa carte, géographique et identitaire, appartient à la culture commune et peut devenir le bois initiatique des nouveaux chaperons rouges. La transgression n’y est plus condamnée, mais exalte au contraire la suprématie de l’individualité comme réalisation de soi et condition du bonheur. C’est ainsi la liberté que défendent crocs et ongles ces trois réécritures : celle du personnage, celle de l’auteur, et peut-être plus encore celle du lecteur. À lui de s’émouvoir devant ce Chaperon portant toge et flambeau, ou d’en rire, ou de le réécrire.