
Je viens de nouveau à la pêche aux conseils (Rappelez-moi de vous offrir le resto quand je serai devenue riche :-) Donc : Je suis en train de réfléchir à des petites histoires autour de grands noms de l'histoire des arts, un peu dans la suite de Mademoiselle C sur Camille Claudel. J'ai essayé d'écrire quelque chose sur Eugène Boudin, le maître de Monet, celui que Corot appelait "Le roi des ciels", et accessoirement mon arrière grand-oncle d'après ce qui se dit dans la famille ^^ Sauf que voilà, je ne suis pas trop contente du résultat : ça me semble surtout un peu long... Je veux bien vos avis et, éventuellement, vos suggestions ! D'avance merci.
Les ciels d’Eugène
Eugène se promène
Sur les bords de la mer
Les rêves en bandoulière
Il observe le ciel.
Il cherche et cherche
Sans cesse
La tête toute de travers
Mais qu’est-ce qu’il attend
Toujours le nez au vent ?
Espère-t-il reconnaître
Dans un des plis du ciel
Une bête à trois pattes
Ou un vague visage de femme ?
Non non pas du tout
Eugène ne cherche pas :
Des images de trois sous
Il observe les nuages
Et c’est déjà beaucoup.
Immenses et fragiles
Couchés sur l’infini.
Petits et légers
En tresses mal serrées.
Large et opaque
Pesant de toute leur masse.
Depuis qu’il est petit
Ils sont un peu amis…
Eugène voit que le gris
A un air un peu triste
Il s’éblouit du blanc
De son éclat violent
Il soupèse leur poids
Il invente leurs lois
Il voit les nuages
Pour ce qu’ils sont vraiment
C’est déjà pas mal !
Ce n’est pas tout pourtant :
Il lui arrive parfois
De regarder en bas
Mais la tête reste de travers
Pleine d’air et de rêve
La campagne avec ses champs
Souffle et vente doucement
Les pelages de ses vaches
S’enroulent comme des tornades
Et à la plage, sur le sable,
Les robes forment des flaques
Tandis qu’au milieu
Entre deux cieux
Des voiles de navire
Nous invite à partir
Eugène écoute ainsi
La vie qui palpite
Celle qui vibre
Qui chavire
Et alors il la fixe
Dans sa peinture à huile.
Mais ce n’est pas fini !
Ça ne fait même que commencer…
Parce qu’en regardant de prés
On voit les traits trembler.
Et quand arrive la nuit
Que petit à petit
Le musée se vide
Il se passe un truc étrange
Les nuages reprennent leur danse
Et tous entrent dans la ronde
Les jupes, les blés, les ponts
Et les bateaux légers sur l’horizon
Alors quand le matin
La lumière revient
Il arrive qu’un nuage
Ne soit plus bien à sa place.
Mais il faudrait
Pour le remarquer
Le regard d’un Eugène
Le cœur en l’air
Qui sans tricher
Qui sans peser
Ne prend pas à la légère
Les nuages et leur mystère.