Suite des papoteries sur la figure de l'auteur jeunesse, j’aimerais causer aujourd’hui d’un truc qui m’agace mais qui m’agace : les représentations qui nous entourent et entretiennent la confusion avec notre public. Sans rire, on m'a déjà proposé, pour un mariage, de me mettre à la table des enfants - parce que j'aime les enfants et que je pourrais m'en occuper... L'idée court que nous "avons gardé notre âme d’enfant". Certes, mais n'est-ce pas un peu tout le monde ? On essaye tous, de ma banquière au Dalaï Lama, de jongler avec le triangle idéal : allier l'émerveillement de l’enfant, l’activisme de l’adulte et la sagesse du vieillard (désolée pour l’enfilade de clichés - personnellement je ne crois pas avoir été une enfant particulièrement émerveillée et je n’ai pas du tout l’intention d’être une vieille bien sage).
Bref, l’âme d’enfant est un truc qui concerne tout le monde, comme l’âme d’ado, l’âme d'ami, l’âme d’amant, mais aussi l'âme nationale, l'âme de gauche, et les mille unes couches qui nous font nous, les hommes-oignons. L’écrivain jeunesse n’est pas un cas particulier et n’a nul besoin de se faire des couettes ou de se gaver de fraises tagadas pour faire son job correctement.
La confusion est particulièrement gênante, je trouve quand il s’agit de discuter des conditions de notre métier. On voit arriver au galop toute une rhétorique de la cour d’école avec des suspicions d’immaturité… Alors qu’en regardant les choses en face nous sommes justement, avec les auteurs de BD (ceux qui se lavent pas et boivent de la bière), la fraction de la profession qui porte l’édition... Nous la portons économiquement parlant bien sûr, puisque c'est le jeunesse et la BD qui sauve depuis plusieurs année le marché de l'édition de la crise, mais aussi sur le plan des avancées sociales avec par exemple la question des rémunérations lors de prise de parole en salon qui vient d’être adoptée par le CNL et qui arrive tout droit de la Charte.
Bref, l’âme d’enfant est un truc qui concerne tout le monde, comme l’âme d’ado, l’âme d'ami, l’âme d’amant, mais aussi l'âme nationale, l'âme de gauche, et les mille unes couches qui nous font nous, les hommes-oignons. L’écrivain jeunesse n’est pas un cas particulier et n’a nul besoin de se faire des couettes ou de se gaver de fraises tagadas pour faire son job correctement.
La confusion est particulièrement gênante, je trouve quand il s’agit de discuter des conditions de notre métier. On voit arriver au galop toute une rhétorique de la cour d’école avec des suspicions d’immaturité… Alors qu’en regardant les choses en face nous sommes justement, avec les auteurs de BD (ceux qui se lavent pas et boivent de la bière), la fraction de la profession qui porte l’édition... Nous la portons économiquement parlant bien sûr, puisque c'est le jeunesse et la BD qui sauve depuis plusieurs année le marché de l'édition de la crise, mais aussi sur le plan des avancées sociales avec par exemple la question des rémunérations lors de prise de parole en salon qui vient d’être adoptée par le CNL et qui arrive tout droit de la Charte.
J’avais envie de ramener cette problématique à un mini-scandale de notre jeunesse, Chantal Goya et son suicide médiatique… À première vue, elle représente justement les couettes-tagadas qui m’insupportent, et son pitch est juste ridicule, mais en replaçant dans la situation c’est surtout super-super-triste. La chanteuse est prise ici entre son personnage qu’elle continue de jouer et la professionnelle qui est sommée de se justifier, entre son public d’enfants qui est devant elle et à qui elle s’adresse et le public adulte, la « petite dame » qui lui pose la question… C'est un clown à qui l'on demande de donner son avis sur le rire bergsonien, une double-énonciation qui ne peut pas fonctionner et qui mène nécessairement à un déchirement tragique.
Petite j’écoutais Anne Sylvestre, l’auteur qui refuse de chanter pour les enfants et ne porte sur scène que son répertoire adulte. Je n'ai longtemps pas compris ce choix, je le trouvais injuste et un peu méprisant pour nous... aujourd'hui si. Chantal Goya, au contraire, assume sur scène son univers, un acte de courage qui la décrédibilise et la tue artistiquement. Encore que… Le fait qu’elle tourne aujourd’hui dans les discothèques auréolée du statut d’icône gay nous signale peut-être que c’est dans toute la société que le fameux triangle bafouille aujourd'hui, et qu’on se dirige de plus en plus vers une représentation kaléidoscopique des trois âges de la vie. Tant mieux.
Ahaha ! Un mariage à la table des enfants !!!
RépondreSupprimerJ'hallucine !
Heureusement que tu n'es pas proctologue, on t'aurait proposé d'être à la table de ceux qui ont des hémorroïdes ;-)
Mis à part ça, super article, Alice !
RépondreSupprimerPour de vrai ! Et les gens ont tendance à me refiler leurs mômes alors que je ne suis justement pas du tout à l'aise avec les moins de 3 ans -_-'
RépondreSupprimerEt merci ;-)
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